Nos réflexions - Le "chez soi"
Qu'est-ce qui fait le “chez-soi” ? Comment se sentir bien là où on vit ? Et comment reconstruire un “chez-soi” lors d'un changement de domicile ? Telles sont les questions abordées dans cet article qui met en évidence la nécessité de reconstruire un “chez-soi” lorsqu'une personne âgée est amenée, par sa volonté ou malgré elle, à déménager dans un autre lieu de vie.
En psychologie, les théories de l’attachement, en particulier, décrivent la nécessité pour un individu de se créer très tôt dans l’enfance un sentiment de sécurité de base. Ce sentiment de sécurité s’élabore et se maintient tout au long de l’existence grâce notamment à un espace où l’individu se sent chez lui, à partir duquel et auquel il peut constamment revenir lorsqu’il explore l’extérieur, va vers l’inconnu et découvre d’autres personnes ou d’autres lieux. Cet espace privé est la plupart du temps constitué d’objets connus et/ou habituels, qui ramènent l’individu à des repères stables et constitutifs de son identité. Ce sont des traces tangibles de son histoire de vie.
Accompagner pour mieux appréhender
Il importe que la personne qui quitte son domicile pour un autre puisse constituer sur ce modèle un nouveau chez-soi sécurisant, qu’elle personnalise et s’approprie, notamment à travers l’aménagement de celui-ci. Le changement de lieu de vie n’est donc pas à prendre à la légère et nécessite un vrai accompagnement, tant avant qu’après le déménagement. Ce qui compte, ce n’est pas tant de prévoir une certaine souplesse quant à l’aménagement des lieux que de donner libre cours à la façon très personnelle qu’aura quelqu’un d’occuper un lieu., même si cela semble parfois être en dépit du bon sens ou des détails a priori sans importance)., Il s’agit alors d’accompagner cette personne dans la réflexion sur ce qui est le plus important pour elle dans cet aménagement de cet espace de vie.
Carte de visite personnalisée
En instaurant et en favorisant une continuité entre un passé et une vie présente, le risque d’une rupture de vie brutale voire traumatisante est diminué. Certains objets ayant une valeur représentative de la personnalité et de son identité seront privilégiés en ce sens.
Lors de l’accueil de visiteurs, ce cadre de vie aménagé, porteur de l’histoire de vie multiplie probablement les chances d’’instaurer un dialogue autour de ce qui fait ou a fait l’essentiel de l’existence du résident. Il aura ainsi l’occasion de se donner à voir autrement que ce que le présent révèle de lui.
Équilibre à trouver
Dans un lieu de vie communautaire, les espaces personnels doivent se trouver en lien avec les espaces communs. Et il est préconisé que certains de ces espaces communs servent également de transition douce vers les espaces privés en servant de lieux d’accueil de proche, par exemple.
Mais il faut insister aussi sur la nécessité d’ouvrir les espaces communs vers l’extérieur, ce qui donne la possibilité aux résidents, notamment à mobilité réduite, d’être en contact avec l’extérieur. Cette possibilité ne doit évidemment pas être une exigence, et la singularité du vécu du résident doit toujours primer sur l’ouverture vers l’extérieur afin d’éviter une intrusion du monde extérieur dans l’intimité sécurisante du résident. Enfin, les services ou activités offerts dans le cadre de la vie communautaire ne devraient pas apparaître comme des contraintes pour le résident mais au contraire, favoriser et encourager la participation volontaire de celui-ci.
Sources pour aller plus loin dans la réflexion à ce propos :
- Jean Michel Longneaux - "Habiter chez soi, être accueilli chez quelqu'un" - 24 janvier 2020
- https://www.youtube.com/watch?v=RltdbrkUv6I